Chronique de la misère ordinaire


Depuis plusieurs jours maintenant, je n’éprouve plus aucun plaisir, ni aucune motivation pour regarder les infos le soir à la télé : il y a encore quelques semaines, c’était un moment convivial et détendu de la fin de journée mais là, j’ai vraiment l’impression de n’y trouver que des mauvaises nouvelles.

Il y a bien sûr le drame des migrants, qui nous a éclaté en pleine figure, avec des dizaines de nouvelles victimes quasi-quotidiennement ;  je n’ai pas besoin de rappeler  cette photo du petit Aylan, largement diffusée par les medias et qui a fait couler beaucoup d’encre, chez les blogueurs notamment. Perso, je l’ai prise en pleine face cette photo, au format A3, en pleine une du Monde, journal auquel nous sommes abonnés au bureau.

Guère plus réjouissantes, les apparitions télé répétées de l’homme normal qui nous annonce des baisses d’impôts dont on ne voit pas la couleur : bien au contraire, à moins d’avoir de sérieux problèmes en maths, moi, j’ai constaté une hausse de 300 € cette année sur les miens. Avec ça, il pourra faire plusieurs pleins à son scooter et aller acheter des croissants à Julie, pour la consoler de son absence de carrière.

Mais ce n'est pas tout : il y a aussi des anciens ministres qui insultent les journalistes comme du poisson pourri, des salariés dont on fait annoncer la fin de carrière publiquement à une heure de grande écoute par les collègues,  le sourire bien vissé aux lèvres, une fille et son père qui en arrivent à se déchirer publiquement, trop aveuglés par les irrésistibles sirènes du pouvoir, des patrons aux indemnités de départ indécentes, dont le centième servirait à faire bouffer une famille complète pendant plusieurs mois...

Et puis, il y a eu Bastien.

Et là, c’est la goutte qui a fait déborder le vase.

Le malheur de Bastien, c’est pour moi une nouvelle illustration du summum de la connerie humaine et de la déchéance. Le genre de fait divers que tu lis dans le journal ou dans les actualités sur Internet et qui t’envoie la gerbe au bord des lèvres. Pareil que pour Marina en son temps.

Je vais tenter de te résumer en quelques lignes le drame vécu par Bastien, si par bonheur tu as échappé à l’évocation de cette histoire dans le journal : Bastien, c’est un petit bonhomme de 3 ans, décédé dans le lave-linge familial où son père l’avait enfermé, puis « lavé » et « essoré » parce qu’il n’avait pas été sage ce jour-là à l’école.

T’en veux encore ? Y’a qu’à demander : pendant que Bastien "tournait", sa connasse de mère – désolé, y’a pas d’autre mot – faisait un puzzle avec sa fille aînée dans la pièce à côté et n’est intervenue à aucun moment pour stopper le calvaire de son fils. Vu le niveau mental de la mère, j’ai du mal à l’imaginer faire un puzzle d’ailleurs, je la verrais plutôt mater Les Chtis à Las Vegas à la télé, mais bon, soit.

Maintenant que tu as lu tout ça, on va te dire que le père est malade, avec une tumeur au cerveau (parce qu’il en avait un ?) récidivante, qu’il était souvent alcoolisé (on l’aurait parié !) et se fumait un petit bedo par-ci, par-là. On ajoutera que Bastien n’était pas un enfant désiré par ses parents et que sa mère s’était d’ailleurs aperçue de sa grossesse au moment d’accoucher. On dira aussi que la famille faisait l’objet d’un dossier auprès des services sociaux et qu’il y avait déjà eu des alertes concernant un possible drame à venir.

Voilà, voilà.

Mais tout ça, ça excuse quoi ? L’horreur de la scène que tu visualises très bien à la lecture de l’article ? La mort du petit garçon, décédé dans des souffrances dont la moindre représentation mentale ferait frémir toute personne normalement constituée ? L’état de dépravation des parents, qui eux auraient mieux fait de ne jamais venir au monde ? 

Comment imaginer que ce genre d’histoire peut arriver ? Comment peut-on être tordu au point de commencer à imaginer un truc pareil ? Je ne sais pas, je ne peux même pas me figurer que ce soit possible, je ne m’explique comment des gens peuvent avoir des idées pareilles. Ça me dépasse, c’est quelque chose que je ne saurais tout simplement jamais accepter.

Et là, il me vient une pensée de Coluche, qui décidément tombait souvent tout à fait juste et qui disait : « Encore un couple qui a eu un enfant parce qu’il ne pouvait pas avoir de chien ».

Oui, c’est tout à fait ça.

Reste à espérer que les parents vont être condamnés par la Justice, bien que ça m’écharpe de penser que je vais nourrir ces Ténardier-là en prison, avec l’argent de mes impôts.

Mais le pire, c’est que des Bastien il y en a beaucoup d’autres et il y en aura encore beaucoup d’autres. Des Bastien et des Marina aussi.

Heureusement, avec le surplus d’impôt que je vais payer cette année, les services sociaux vont pouvoir recruter du personnel et éradiquer tous ces bourreaux d’enfants.

C’est beau de rêver, hein… mais malheureusement, il ne me reste plus que ça.

Une petite lueur d'espoir, pour qu'un jour tous ces drames-là cessent enfin...

Commentaires

  1. pas de mots devant tant d'horreur ....

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  2. Angelica Von-Stiehl10 septembre 2015 à 22:37

    Inimaginable...la réalité dépasse souvent la fiction...
    Je me dis toujours la même chose lorsque j'apprends un cas de maltraitance ou mort d'enfant: tellement de gens qui pleurent pour en avoir un seul et d'autres qui les "pondent" s'en s'en préoccuper! pire en les maltraitant...
    Cela fait des années que je me dis qu'ils devraient inventer un test pour femme enceinte et le couple si possible afin de pouvoir analyser si les personnes sont capables d'élever et d'aimer un enfant ,oui je sais c'est con mais cela éviterait tellement de drames...

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