Liquidation totale


7 janvier 2015 : premier jour des soldes. Ouh ouh. Je pars travailler en pensant aux boutiques que je vais visiter pendant ma pause déjeuner et le soir, sur Internet, peinard, avec les chocolats rescapés de Noël - oui, il en reste encore mais plus pour longtemps, je le crains.

La matinée s'écoule normalement, pourtant je trouve qu'il fait un temps un peu bizarre. Je profite d'une petite pause le matin pour aller faire un tour vite fait chez Okaïdi et Tape à l’Oeil : il me faut des chaussettes et des pantalons pour le Grand. En surfant sur le net, je tombe à un moment sur un bandeau rouge sur le site de MSN : "Fusillade en cours à Charlie Hebdo". Je ne me souviens plus bien de la formule exacte mais en gros, c'était écrit ça. J'y prête moyennement attention, toute à mes soldes : à aucun moment, je n'imagine l'ampleur du truc qui est en train de se produire.

C'est l'après-midi que cela nous est tombé dessus, au bureau : 12 morts chez Charlie Hebdo, avec parmi eux Wolinski et Cabu. Putain, Cabu, quoi, le dessinateur du Club Dorothée !

Et là, on réalise l'horreur. Ça s'est passé dans le 11ème arrondissement de Paris, en pleine ville, en pleine journée. Deux mecs cagoulés, en tenue de commando, qui se croient à OK Corral : on cauchemarde éveillés.

Vient le soir, avec l'annonce des premiers rassemblements spontanés un peu partout en France et ailleurs : au vu de la fréquentation, on se dit qu'il reste tout de même un peu d'humanité dans ce monde.

Je décide de mettre au courant mon Grand, de tenter de lui expliquer et ça ne s'avère vraiment pas facile : comment expliquer à un petit garçon de 8 ans que des types en ont tué 12 autres au nom de Dieu. J'essaie de lui présenter les choses, parce que je suppose déjà que la maîtresse risque de leur en parler : je préfère le préparer un peu. J'y mets un peu d'humour mais ce n'est pas facile. A un moment je redoute qu'il me demande ce que foutent les Avengers et pourquoi ils ne sont pas intervenus pour aider les gentils. Ben oui : c'est tellement inimaginable, ce genre d'horreur, à 8 ans.

J'attendais impatiemment hier soir de regarder l'édition spéciale des infos à la télé pour voir les faits, pour comprendre et suivre l'avancée de l'enquête. Et je peux vous dire que nous avons dîné hier soir en silence, avec l'impression de regarder un film de guerre, interdit aux moins de 18 ans, à une heure de grande écoute.

Inutile de vous dire qu'hier soir, je n'ai visité aucune boutique en ligne : en matière de liquidation, je crois que nous avons été servis.

Aujourd'hui, la météo semble s'associer à la douleur du pays : il pleut ce matin ici.

A midi, le temps va suspendre son vol et, même si tout le monde n'observera pas une minute de silence, je pense que l'on aura une pensée pour les victimes et leur famille, ainsi qu'une immense tristesse face à tout ce gâchis et à cette menace latente.

Car, oui, aujourd’hui, je suis, nous sommes Charlie.






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