Questions pour une championne



Comme chacun sait – ou apprend très vite à le savoir à ses dépens – vers 2 ans vient la période du « terrible two » chez nos chères têtes blondes et ce n’est pas de tout repos, comme je vous le disais ici

Une fois cette épreuve passée, il ne faut pas se réjouir trop vite en se croyant tranquille car, vers 3 ans, vient alors le temps des « pourquoi ? ». Et, en ce moment, je suis en plein dedans avec la Princesse.

Je découvre d’autant plus cette fascinante période que n’ai pas souvenir que son grand frère soit passé par cette phase, ou alors plus furtivement et plus légèrement (surtout). J’ai donc l’impression que la Princesse tient à ce que l’équilibre soit respecté, en demandant « pourquoi ci » et « pourquoi ça » à tout bout de champ et en se chargeant de m’infliger les « pourquoi ? » que son frère n’a pas dit.

 
Crédit photo : jedessine.com


Du coup, j’ai bien souvent l’impression que Julien Lepers va se radiner avec ses fiches, que les pupitres vont sortir du sol et que les spots vont s’allumer en même temps que les caméras et que nous allons faire une petite partie de Questions pour un champion. Sauf que la Princesse est beaucoup plus exigeante que Julien Lepers : il n’est pas question de réfléchir deux plombes, la Princesse veut une réponse immédiate, précise et surtout, oh surtout, à sa portée, donc formulée avec des mots simples, faute de quoi le harcèlement des « pourquoi ? » reprendra de plus belle, jusqu’à ce que la réponse soit limpide.

Quelques exemples vécus : top !

« La Princesse : Maman, pourquoi il fait nuit ?
Moi : parce qu’il ne fait plus jour : le soleil s’est couché (et il a bien de la chance, comme dirait Les Inconnus).
La Princesse : et pourquoi y’a la lune ?
Moi : parce que la lune se lève lorsque le soleil se couche.
La Princesse : et pourquoi il se couche le soleil ?
Moi : parce qu’il est fatigué comme moi à force de répondre à tes questions. »

Ça reste néanmoins une belle période de fierté parentale : c’est gratifiant pour moi de voir que ma fille s’intéresse au comment et surtout au pourquoi de ce qui l’entoure et c’est tout de même plaisant de lui apporter une réponse convenable et juste (j’y tiens).

Cette période présente un avantage aussi : tu en arrives à te poser des questions que tu ne t’étais jamais posée jusque là et surtout, à trouver une réponse qui tienne la route au risque de décevoir ton enfant. Alors, comme tout bon parent soucieux de l’épanouissement intellectuel et culturel de ses enfants, mais qui surtout tu ne veux pas passer pour une mère indigne qui ne prend pas le temps de répondre aux questions existentielles que lui pose sa fille, hé bien, tu continues le jeu avec une nouvelle série de questions.

« La Princesse : Maman, pourquoi je me lave ?
Moi : parce que tu es sale (et que si tu ne te laves pas, tu vas puer, comme moi - cf. ce billet pour mémoire).
La Princesse : et toi tu te laves aussi ?
Moi : oui, la plupart des gens se lavent tous les jours.
La Princesse : parce qu’ils sont sales ?
Moi : oui, les gens sont sales (j’espère ne pas réentendre cette phrase un jour dans sa bouche en public ou ce sera encore un grand moment de solitude parentale !) »

Le plus difficile, c'est d’être mentalement disponible pour la première manche du jeu car la question arrive toujours au moment où tu n’as justement pas envie d’y répondre, le soir par exemple quand tu es à la ramasse pour préparer la bouffe ou bien encore lorsqu’un truc t’intéresse à la télévision ou à la radio et que du coup, tu n’as rien entendu.

Il faut bien avouer que la crainte qui m’anime, c’est tout de même de « sécher » sur une question et d’avoir l’air d’une quiche. Ma crédibilité parentale en prendrait un coup mais il m’est déjà arrivé de répondre à l’une de ses nombreuses questions que je ne connaissais pas la réponse. Je m’assume, je ne m’appelle Petit Robert non plus. Heureusement pour moi, les questions appellent souvent une réponse que je maîtrise car elles sont à la portée de mon niveau intellectuel :

"La Princesse : maman, pourquoi tu as mis tes bottes ?
Moi : parce que je vais travailler et que j’ai mis une robe.
La Princesse : et pourquoi tu n’as pas mis une jupe ?
Moi : parce que je n’avais pas envie de mettre une jupe et qu’il y a longtemps que je n’ai pas mis une robe.
La Princesse : et pourquoi t’avais pas envie de mettre une jupe ?
Moi : parce que je n’avais pas envie.
La Princesse : ah, t’avais pas envie… (quelques minutes passent et c’est reparti pour la finale). Et pourquoi y’a longtemps que tu n’avais pas mis une robe ?
Moi : parce que j’aime bien porter des pantalons aussi de temps en temps.
La Princesse : Et moi, est-ce que je vais mettre mes bottes ?
Moi : et pourquoi, tu n’arrêterais pas un peu de me poser tes questions, pour voir ?
La Princesse : parce que j’ai pas envie."

Voilà comment j’ai perdu la partie… 


Commentaires

  1. Oh là là, mdr! J'ai le même à la maison, mais je n'avais jamais pensé à Julien Lepers, c'est trop ça. Moi j'ai droit aux mêmes questions tous les jours quand on arrive à la maison : "Maman, pourquoi tu recules ?", "Maman, pourquoi tu te gares le long du mur ?", "Maman, pourquoi Papa il n'est pas rentré ?" etc, etc. Comme j'en ai souvent (tout le temps) assez, je lui répond juste "parce que!". Ce qui fait que le soir : "Loulou, tu montes te coucher!" "Non!" "Si si, tu montes!" "Non, je veux pas!". Et là, le piège : "Pourquoi ?" "Parce que". CQFD. Les enfants apprennent beaucoup trop vite à mon goût! Allez, une petite partie ???

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  2. La phase des "pourquoi" est en effet loin d'être facile à gérer pour les parents. Surtout dans le temps. Bravo pour avoir traité ce thème avec un brin d'humour!

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    1. Merci ! Je crois que tu es mon premier commentaire masculin, sans compter les jeux, alors sois le bienvenu !

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